J’ai toujours eu la bosse des maths (bon, j’ai conscience que ce genre de déclaration ne fasse pas très sexy dans un blogue de création littéraire, mais c’est comme ça). Et peut-être cela contribue-t-il à ce que je possède une conscience aigue des règles de la probabilité et de la signification d’une (im)probabilité qui avoisine le zéro. C’est pourquoi par exemple je n’achète jamais de billet de loterie. Pour moi, le fait d’avoir une chance sur un million (disons) de gagner un prix, c’est comme n’en avoir aucune. Le corollaire de ce trait de caractère, c’est que je ne suis pas très porté sur les concours. Beaucoup d’appelés, peu d’élus (en général un seul, en fait). Un concours, c’est un peu une loterie subtilement teintée d’éléments subjectifs. Comme si la madame à la télé tirait un à un les numéros et décidait à chaque fois si le numéro lui plaît; « Tiens, non, pas le 32, je déteste ce nombre, j’en tire donc un autre ». Vous voyez le genre.
Ainsi, j’évite à tout prix les concours d’écriture parce que pour moi, écrire est un acte qui, bien que jouissif, n’en demeure pas moins extrêmement exigeant et je préfère toujours mettre mon énergie dans mes projets personnels (cette expression pédante inclut notamment les niaiseries que je publie dans mes fils Twitter) que dans un texte dont le thème est imposé, qui ne sera souvent pas très satisfaisant malgré tout les efforts déployés, que je soumettrai quand même au concours un peu par dépit et tout ça pour qu’il passe totalement inaperçu aux yeux du jury. Ce n’est pas que je doute de mes capacités, mais je doute surtout de celles que j’ai de frapper dans le mille des attentes d’un comité de sélection. C’est a priori trop aléatoire pour que je m’y investisse. La vie est si courte!
C’est donc en dépit de ces scrupules (sur)naturels que je pris sur moi la semaine dernière, comme ça, parce que ça ne coûtait rien et que ça n’impliquait pas un très grand effort, que je pris sur moi, donc, de soumettre ma participation dans le cadre d’un petit concours intitulé « Ne me twitte pas », lancé par le blogue Zone d’écriture de Radio-Canada, blogue dont la mission ne me paraît pas très nette, le truc s’avérant surtout être, contrairement à ce que laisse supposer son nom, une zone de lecture, dont la mission semble surtout de promouvoir les émissions littéraires de Radio-Canada, qui met en scène des auteurs publiés, dont certains nous affligent malheureusement de ridicules « conseils d’écriture » que je m’amuse parfois à caricaturer dans mon fil Twitter, bref, une espèce de plogue déguisée en blogue, qui, par ailleurs, amuse à l’occasion ses lecteurs par le biais d’un défi d’écriture comme celui-là. Ici, on proposait de rédiger un tweet de rupture, sur le thème « comment rompre en 140 caractères » (ou plutôt en 125 caractères ou moins, pour être plus précis). Et puisque, je l’ai dit plus haut, je ne crois pas aux concours (et peut-être aussi parce que je suis un peu paresseux), je décidai de poser ma candidature par le biais de deux tweets qui n’étaient rien de moins que du recyclage d’extraits du brouillon avancé d’un truc que j’avais écrit il y a un ou deux siècles, à l’époque où je faisais du rock avec les copains, un texte qui n’a finalement jamais vraiment vu le jour sous forme de chanson. Il s’avérait que le thème du texte en question collait parfaitement au thème imposé, soit une déclaration de rupture, par opposition à une déclaration d’amour. Et ainsi dans le cadre de ce concours soumis-je sous mon alias @nanopoesie deux nanotextes. Et, ciel!, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que je faisais partie d’une liste de cinquante finalistes (sur 1500 si j’ai bien compris), ce qui eut l’heur d’ébranler un moment mes convictions probabilistes. Mais samedi dernier, jour du dévoilement du grand(e) gagnant(e), tout rentrait dans l’ordre et c’est avec un soupir de soulagement que j’appris que quelqu’un d’autre que moi remportait la palme.
Puisqu’on a titillé mon orgueil, je ne peux réfréner l’envie de publier ici la source de ce tweet qui faillit faire de moi une nanocélébrité instantanée (et très éphémère). Voici donc le texte complet, une simple ébauche à vrai dire, tel que fraîchement extirpé du fond de son tiroir. Son titre : La sortie, c’est première porte à droite. À lire à voix haute, pour un maximum de plaisir.)
* * *
T'as fait ta dernière fausse note
C'est fini le bâton, la carotte
J'éjecte le copilote
J'opte pour le boycott
De la mascotte despote
OK, j'ai passé au vote
C'est aujourd'hui que tu prends la porte
Faut-il que j'en rajoute
La vie est beaucoup trop courte
Avant que nos cœurs s'encroûtent
Il faut les libérer coûte que coûte
Écoute, ça ne fait plus de doute
Nos amours sont en banqueroute
Allez, t'as perdu la joute
C'est ici que se séparent nos routes
Même si tu me flattes les omoplates
Même si tu me supplies à quatre pattes
Ma sentence est immédiate:
Tu déménages tes pénates
Suis-je assez diplomate:
Rends-moi les clés de mon appart'
Tu peux te trouver un autre squat
La sortie, c'est première porte à droite
C'est fini le bâton, la carotte
J'éjecte le copilote
J'opte pour le boycott
De la mascotte despote
OK, j'ai passé au vote
C'est aujourd'hui que tu prends la porte
Faut-il que j'en rajoute
La vie est beaucoup trop courte
Avant que nos cœurs s'encroûtent
Il faut les libérer coûte que coûte
Écoute, ça ne fait plus de doute
Nos amours sont en banqueroute
Allez, t'as perdu la joute
C'est ici que se séparent nos routes
Même si tu me flattes les omoplates
Même si tu me supplies à quatre pattes
Ma sentence est immédiate:
Tu déménages tes pénates
Suis-je assez diplomate:
Rends-moi les clés de mon appart'
Tu peux te trouver un autre squat
La sortie, c'est première porte à droite