Cela faisait presque neuf mois. C’était l’heure. L’ordinateur de bord le tira du sommeil. Il ouvrit les yeux et fut rassuré de reconnaître le décor familier de l’habitacle. Il avait faim, mais savait bien qu’il devait être patient: la réadaptation serait longue et pénible. Stimulation musculaire, lavements, analyses physiologiques et psychologiques automatisées: on ne se remettait pas de plusieurs mois d’hibernations sans quelques précautions élémentaires. Quand il put enfin se lever de la couchette, il passa à la douche, puis à la cuisine où il fut ravi de boire un jus de fruit et de grignoter quelque chose de solide. Dans quelques jours, se serait au tour de ses collègues de revenir à la vie. D’ici là, il avait fort à faire: diagnostic technique et entretien du vaisseau, mise à niveau des systèmes, revue du plan de mission. Mais pour le moment, le programme prévoyait qu’il bénéficie d’un peu de temps pour lui, question de laisser son corps et son esprit revenir à la normale. Il s’installa dans le cockpit, vérifia l’état général du vaisseau et fit une revue rapide de l’actualité terrestre. Puis, tout en terminant son café, il s’approcha du hublot et observa longuement la planète rouge, qui occupait une part importante du ciel. Cette teinte de rouille, cette topologie bizarre, l’absence d’océan...
C’est alors qu’un doute l’assaillit: Merde, ai-je bien sorti les poubelles avant de quitter la maison?