Pour décrasser la machine.
Parce qu’il faut bien s’avouer qu’on n’est plus très jeune.
Pour danser secrètement sur de la techno, à l’insu des passants.
Pour me sentir un peu plus vivant.
Pour sortir de chez moi.
Pour sortir un peu de ma tête.
Pour me venger de tous les professeurs d’éducation physique de mon enfance.
Pour étudier les mœurs des chiens qui font leurs besoins dans le parc.
Pour flotter dans ma bulle.
« Entre deux joints, tu pourrais te grouiller le cul… »
Pour le fix d’endorphines.
Pour avoir encore les moyens d’être gourmand.
Pour cet instant de grâce, parfois, où on ne se sent plus courir et où on a l’impression d’être ailleurs.
Parce que ça ne coûte rien.
Parce qu’« il faut souffrir pour être beau. »
Pour profiter du bon air pur de la ville.
Pour me calmer le gros nerf.
Pour suer.
Pour battre mon high score.
Pour faire comme les autres (quel trafic autour du parc !).
Parce que c’est juste là, dehors.
En souvenir de mon éducation catholique : souffrance, pénitence, masochisme…
Pour encourager l’industrie des vêtements de sport.
Pour promener mon cancer.
Pour m’épuiser.
Parce que : n’est-ce pas un petit bourrelet que je vois poindre à l’horizon ?
Parce que maintenant que j’ai acheté ces souliers de course, il faut bien que je les utilise.
Parce que je suis un grand sportif.
Pour faire une revue des dernières tendances mode chez le joggeur de la Clique du Plateau.
Pour être en pleine forme quand la mort viendra.
Pour aérer ma maladie mentale.
Parce que si j’additionne ces brefs moments où je ne touche plus le sol, je vole un petit peu.
Etc.
[Mise à jour du 2017-03-28]
Ailleurs:
« […] pour se prouver qu’ils ont la fibre des gagnants, des survivants, pour oublier leurs faiblesses et leurs torts, pour ne penser à rien ou pour se perdre dans l’essence de l’effort absolu. [...] [Il y a aussi] ceux qui courent pour courir, et rien d’autre. »
Leroux, Catherine, Le mur mitoyen, format epub, Éditions Alto, 2013.
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[Mise à jour du 2017-03-28]
Ailleurs:
« […] pour se prouver qu’ils ont la fibre des gagnants, des survivants, pour oublier leurs faiblesses et leurs torts, pour ne penser à rien ou pour se perdre dans l’essence de l’effort absolu. [...] [Il y a aussi] ceux qui courent pour courir, et rien d’autre. »
Leroux, Catherine, Le mur mitoyen, format epub, Éditions Alto, 2013.