22 janvier 2011

C’est (vraiment) trop injuste

Je ne suis pas très blogue blogue. Vous savez, parler de soi, journal intime, humeurs et anecdotes au quotidien, ce genre de choses. Le Machin à écrire n’a de blogue que la forme : des textes publiés en ordre chronologique, du plus récent au plus ancien, proposant un classement par thème. La forme est de toute manière imposée : j’utilise Blogger, un outil qui facilite grandement la gestion d’un site web (et oui, je sais, je suis un des derniers blogueurs à ne pas m’être converti à WordPress). L’idée du Machin à écrire était de publier mes fonds de tiroir, d’abord quelques-uns que j’avais accumulés, puis mes nouveaux, à mesure que je les écrirais. Comme les pages d’un carnet de notes. Le format d’un blogue collait donc bien. Bref, ce blogue n’est pas très blogue, je n’y parle que très rarement à la première personne. Mais aujourd’hui, j’ai envie de vous faire une confidence : j’ai créé mon blogue en 2006 (merde, déjà) sous l’influence de quelques blogues de bédéistes que je fréquentais assidûment.

J’ai toujours aimé la bande dessinée. Il y a une dizaine d’années, mon intérêt pour cet art s’est renforcé avec la découverte d’artistes, la plupart nord-américains, qui, influencés par les courants underground, libres de la contrainte de l’album cartonné à l’européenne ou des comics books de super héros à l’américaine, créaient de la bande dessinée comme on crée de la littérature, pour raconter des histoires – mais pas des histoires pour enfants – prenant le nombre de pages qu’il faut pour le faire, sans format imposé, proposant un style graphique personnel, ayant une voix qui leur était propre. Pour décrire ce type de bande dessinée, les anglophones utilisent l’expression graphic novel. En fait, il s’agit simplement de bande dessinée. De l’aboutissement de cet art qu’est la bande dessinée. J’ai donc découvert plusieurs bédéistes, dont quelques-uns avaient la générosité de publier des dessins et planches dans leur blogue.

Je me suis alors dit : tiens, si un dessinateur peut publier ses carnets de croquis, peut-être pourrais-je faire de même avec les miens, de carnets, et publier dans un blogue de courts textes. D’une part, ça serait une bonne façon de me motiver à écrire plus régulièrement (d’où le nom de mon blogue), et d’autre part, qui sait, peut-être cela pourrait-il intéresser quelques lecteurs francophones?

J’ai hésité un peu, parce que, honnêtement, je me demandais si un blogue comme le mien m’intéresserait moi-même. Il faut dire que je ne fréquente à peu près aucun blogue de création littéraire. D’abord, il y en a très peu. Au fil de mes pérégrinations dans le web, j’ai pu constater que les écrivains professionnels ne publient généralement rien de bien intéressant dans leur blogue. Les blogues d’écrivain se limitent généralement à faire de l’autopromotion et à communiquer le calendrier de leurs activités professionnelles. Bref, des blogues blogue. Bizarre, quand même. Pourtant, ils sont écrivains, ils devraient écrire! Peut-être qu’ils mettent toute leur énergie à produire leurs livres et qu’il ne leur en reste plus pour écrire de petites choses? Peut-être que leur contrat d’édition ne leur permet pas de publier eux-mêmes des textes? Peut-être qu’entre leurs multiples métiers (très rares sont les écrivains qui vivent de leur art) et leur vie personnelle, ils n’ont pas le temps d’écrire davantage? Peut-être qu’ils gardent toutes leurs bonnes idées pour leurs livres? Peut-être qu’ils n’aiment pas vraiment écrire et ne sont que les nègres de leurs propres romans? Peut-être que ça n’intéresse pas grand monde de lire, je veux dire réellement lire, sur le web? Parfois, je me dis : imaginez quel genre de blogue trippant aurait pu faire un Georges Perec! Peu importe. Ce que je voulais dire, c’est que je n’ai pas de modèle de ce qu’est un blogue littéraire, comme j’ai pu en avoir un pour les blogues de bédéistes.

Et je ne cesse de constater qu’un blogue comme le mien n’a pas le même attrait qu’un blogue de bande dessinée. Le combat est tout simplement inégal. Tout ce texte, c’est rébarbatif et ça manque de vie. Je l’avoue, l’écran d’ordinateur exacerbe mon déficit d’attention; j’imagine que je ne suis pas le seul dans ce cas : s’attaquer à une succession de paragraphes dans un site web, ça prend une motivation que je n’ai pas toujours… Les blogues d’auteurs de bandes dessinées sont pleins d’illustrations, de croquis, de caricatures, de strips, de planches, parfois même d’histoires complètes. Bref, ces blogueurs bédéistes l’ont trop facile. Et (j’imagine que) leurs sites croulent (relativement) sous les visites.

C’est pas juste, dis-je.

Mais tout ceci étant dit, je n’en continue pas moins de fréquenter les blogues de bédéistes. Et bien sûr, j’achète aussi leurs livres. Comme quoi, donner des morceaux de son art dans un blogue, ça peut finir par payer.


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Quelques sites à visiter un dimanche de pluie :