6 octobre 2010
Scène locale
Il y avait ces deux gars et cette fille qui faisaient partie d’un groupe pop-rock ou punk-rock ou post-rock ou trip-rock ou je ne sais trop quelle étiquette du genre. Ils sortaient souvent ensemble, ça finissait d’ailleurs par susciter des blagues de ménage à trois. J’avais entendu leur démo, qui avait été réalisé par le bassiste d’une formation québécoise semi-célèbre, et, ma foi, le résultat était assez ordinaire. Générique, disons. Un peu étrangement, toutes leurs chansons étaient en anglais, bien que leur public fût surtout composé d’amis ou de connaissances. Un des gars, le grand guitariste qui faisait aussi un peu manager, m’avait expliqué que le choix de l’anglais constituait un impératif incontournable pour « percer à l’international ». Je hochai la tête poliment en leur souhaitant intérieurement de percer d’abord au municipal. Ça serait déjà pas mal. De la fille, on ne savait que peu de chose. Était-ce pour créer le mystère ou par timidité, mais elle ne disait jamais un mot. Elle était pourtant dotée de la parole puisqu’elle était chanteuse du groupe. Les deux autres semblaient avoir des préoccupations relevant davantage du marketing que de l’art. Ils ne manquaient jamais de souligner que leur démo avait été réalisé par ce type semi-connu. Ils parlaient de promo, de booking, du web 2.0. Ils souhaitaient que l’Internet leur permette de rejoindre des fans en Europe de l’est, où ils espéraient bientôt faire une tournée. En attendant, ils ne manquaient jamais de nous inviter à un prochain spectacle, dans quelque bar de Laval ou de Terrebonne. Il fallait alors être prompt à trouver une défaite crédible et pas trop futile de se défiler.
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