Ses mains ne tremblent même pas. Elle le met en joue, le regarde droit dans les yeux. C’est qu’elle ne ressent plus grand-chose. Il la supplie. Pleurniche. Il est à l’étape du pleurnichage. Tout à l’heure, il faisait encore le brave, la menaçait. Ce visage à deux faces. Comment a-t-elle pu endurer cela si longtemps?
Elle a encore des marques au visage, au cou, sur un bras. Égratignures, contusions. Les anciennes blessures sont disparues, celles-là guériront aussi, progressivement. Mais il y en a d’autres plus profondes, incurables, ineffaçables. Immobile, elle le tient en joue et le regarde trembler.
Visage à deux faces. Froid et attentionné. Salaud et tendre. Traître et aimant. Violent et implorant. Combiens de fois a-t-elle pardonné? Combiens de fois a-t-elle espéré sans y croire que cet amour était réparable? Elle avait tellement besoin d’amour. N’importe quel amour. Même le pire.
Elle le considère encore un moment sans rien penser. Le temps des souvenirs est fini. Des espoirs aussi. Il n’y a plus rien à dire ou à considérer. Et c’est la rancœur accumulée qui presse pour elle la détente.