30 juin 2009

Pour en finir une bonne fois pour toute avec les haïkus

Le haïku est une forme poétique qui tire ses origines du Japon. Il s’agit d’un très court poème composé de 17 mores, le more étant un concept linguistique dont la définition semble très laborieuse, si on se fie à l’article sur le sujet de Wikipedia. Pour ce que j’en comprends, disons que c’est un concept phonétique plus fin que la notion de syllabe, mais qui s’en rapproche. Le haïku japonais traditionnel est chargé de symbolisme. Il tire sa thématique de la nature et exprime les impressions du poète devant les choses simples. L’archétype du haïku, mille fois cité, fut écrit par Matsuo Bashō, au XVIIe siècle. Voici quelques traductions de ce haïku originel, telles que glanées sur l’Internet :

Dans le vieil étang,
Une grenouille saute,
Un ploc de l'eau.

Paix du vieil étang.
Une grenouille plonge.
Bruit de l'eau.

Un vieil étang
Une grenouille plonge
Le bruit de l’eau

Vieille mare
Une grenouille plonge
Bruit de l’eau

Un vieil étang
Une grenouille saute
Des sons d'eau

Vous voyez le genre…

Comme pour toutes les formes artistiques issues des traditions japonaises, le haïku se veut totalement hermétique pour les béotiens occidentaux que nous sommes. Une définition du mot haïku qui se respecte utilisera volontiers des expressions telles que : « traduire l’indicible », « décrire l’ineffable » ou « dépeindre l’évanescent ». On dit que le haïku est par essence intraduisible, étant chargé de tant de sens et de sous-entendus, étant par nature d’une subtilité qui ne traverserait pas les frontières du Japon.

Pour les francophones terre à terre que nous sommes, le haïku prend la forme toute simple d’une unique strophe : un vers de cinq pieds, un de sept, puis un dernier de cinq pieds. C’est très court et le défi est de composer un tout cohérent et entier en seulement 17 pieds. On peut tenter d’exprimer l’évanescent. On peut aussi plus simplement s’amuser à condenser un moment, une impression furtive. C’est déjà pas mal.

Un esprit cynique dirait volontiers que le haïku est la forme poétique de prédilection du poète paresseux ou pressé. Or, c’est exactement mon cas au carré : je suis cynique et je suis paresseux et pressé. En investissant, disons, quinze minutes, je peux rédiger un haïku très correct. En même temps, cette forme n’est pas totalement satisfaisante à mon avis. C’est trop court, trop facile. Le haïku est à la poésie ce que le fast food est à la restauration : il ne faut pas en abuser.

(Évidemment, je ne doute pas que ces déclarations à l’emporte-pièce puissent être taxées de cyniques et de stupides par le poète dont le projet littéraire est de traduire l’ineffable. Je dirais que mon idéal de la poésie (et ça explique pourquoi j’en produis peu ou pas) est un poème dont la forme est plutôt classique, alliant rime et rythme. Au fait, pourquoi les haïkus ne riment-ils jamais? Pourquoi pas, par exemple :

Vieil étang serein
Un crapaud plonge soudain
Tagada tsoin tsoin)

Plus sérieusement, je dirais qu’il est tout naturel que je me sois essayé aux haïkus ces derniers temps. Ça convient parfaitement à ma pratique de l’écriture qui consiste à grappiller du temps ici et là dans ma routine.

Mais je crois avoir fait le tour de la question. Pour le moment.