10 juin 2009

Le BIXI et sa grosse bitte (avec deux t)

Les systèmes de location de vélos en libre-service existent depuis déjà quelques années. Diverses sociétés ont été impliquées dans la mise au point incrémentale du concept et des technologies, notamment la société américaine Clear Channel et la française JCDecaux, deux entreprises spécialisées dans le mobilier urbain, c'est-à-dire les moyens détournés de tapisser un maximum de publicités dans l'espace urbain. L'allemande Deutsche Bahn Group et son service Call a bike est également digne de mention.

Depuis la fin des années 1990 sur une base plus expérimentale, et surtout depuis le milieu des années 2000, des systèmes de vélos en libre-service ont été déployés dans de nombreuses villes européennes, notamment:

C'est donc un concept bien éprouvé que la société Stationnement de Montréal déploie cet été à Montréal sous le nom de BIXI. Nous ne doutons pas que certaines améliorations ont été apportées par les designer du BIXI, mais nous ne pouvons que déplorer les très prétentieuses notices apposées aux bornes faisant état de brevets. Le BIXI apparaît même dans un palmarès des inventions de l’année du Time Magazine. Du calme. Pas plus qu'Apple n'a inventé la souris d'ordinateur, Montréal n'a pas inventé le vélo en libre-service. (C’est encore un symptôme de ce complexe d’infériorité typiquement québécois. Nous voulons tellement nous démarquer! Nous avons inventé Céline Dion, c’est bien suffisant et l’humanité nous en sera infiniment reconnaissante.)

Ceci dit, comme j'habite dans la zone de forte densité de déploiement des vélos BIXI, que ça devrait m’être utile et que les vélos ont l’air sympathiques, je compte m'abonner au service. Et ce, malgré le tarif annuel assez coûteux de 78 $.

Me rendant sur le site de BIXI, je constate que l'abonnement est associé à l’acceptation, comme il se doit dans notre monde moderne, à un « contrat d'utilisation » de 10 pages qui documente la liste des très nombreuses responsabilités de l'usager, alors qu'en contrepartie, la société responsable du service ne semble n'avoir aucune obligation. Je note dans ce contrat de service que les « points d’attache des vélos affectés au Service » sont appelés des « Bollard ». Bollard? Curieux, je consulte le Robert. Il s'agit d'un terme maritime. Le bollard est une « Grosse bitte d'amarrage au bord d'un quai ». Je m'amuse à imaginer qu'on ait plutôt choisi d'utiliser « grosse bitte » dans le blabla légal du contrat d'utilisation. Article 6.2.3: « Pour restituer le vélo, l'utilisateur doit le raccrocher à une grosse bitte disponible. »

Je continue ma lecture. L'article 9.6 me semble particulièrement bien indiqué : « L'utilisateur déclare être en mesure d'utiliser un vélo et avoir la condition physique adaptée à cette utilisation. » On a vraiment pensé à tout, au contentieux de Stationnement de Montréal!

J’ai déjà hâte de procéder à mon premier amarrage.