2 avril 2009

J.-F.

Il y a un phénomène typiquement québécois qui m’énerve un peu beaucoup. C’est relié au prénom Jean-François. Je m’explique.

D'abord, précisons que Jean-François est un prénom relativement commun au Québec. Selon ce site étonnant (*), c’était approximativement le 30e prénom le plus fréquent dans la population québécoise en 2000 (porté par environ 28 500 personnes). Sur Jean-François, ce site dit aussi :

« C'est dans les années 50 que Jean-François commence à grandir. Il atteint un plateau au début des années 70, et prénomme pendant une douzaine d'années 1 garçon sur 33. […] Depuis le milieu des années 80, Jean-François dégringole. Au milieu des années 90, n'est plus choisi que pour 1 garçon sur 200. Jean-François est resté pendant 26 ans au-dessus du seuil de 1 % et il fait partie des 50 premiers prénoms. C'est aussi le prénom composé le plus porté dans l'ensemble de la population. »
Source : http://www.lesprenoms.net/Jean-Francois.html

Bref, il y a beaucoup de Jean-François.

Or, il est très courant d’abréger Jean-François en J.-F. Mais pour une raison qui m’échappe (l’ignorance de la langue anglaise sans doute), et c’est ça le truc qui m’énerve, on donne souvent aux Jean-François le surnom de « dji-èf », en faisant semblant de prononcer avec un accent anglais.

De même, on dira « dji-si » (Jean-Claude) et « dji-pi » (Jean-Pierre ou Jean-Paul).

Déjà, le fait de faire semblant de prononcer en anglais devrait être suffisant pour m’énerver. Mais, bon, je peux accepter que ça fait cool sur un mode naïf, un peu comme lorsque j’étais enfant, que je jouais avec des GI-Joes et que les personnages s’appelaient : Joe, Jim, Jack, Bill, etc.

Or, le problème, c’est que J.-F. prononcé en anglais devrait donner : « djé-èf ». Parce que (tenez-vous bien) le J en anglais se prononce à peu près comme G en français (« djé ») et vice versa. Dire « dji-èf », c’est du faux anglais.

J’étais enfant et déjà on appelait les Jean-François : « dji-èf ». Ça fait donc des années (décennies!) que ça dure et que ça perdure.

Et ça m’énerve.

(Suggestion : si on veut à tout prix abréger, pourquoi pas prononcer en français les initiales et dire « ji-èf » ?)


(*) Ce site étonnant (et au graphisme épouvantable) est l’œuvre de M. Louis Duchesne, démographe à l’Institut de la statistique du Québec et membre de la Société canadienne d'onomastique. Le site de M. Duchesne (bien que très laid) est un autre bel exemple de la richesse d’information gratuite que décèle l’Internet. Nous l’en remercions.