26 octobre 2008

L'oeil du G.B.

Lorsque je passe sous l’œil noir et vitreux du Gros Brodeur, que je sois dans un centre commercial, une tour à bureaux, sur la rue ou dans le métro, j’ai parfois une pensée pour ce pauvre agent de sécurité qui me voit passer. Parce que si le Gros Brodeur nous surveille, ses employés ne font que surveiller la bonne marche ce cette quincaillerie qui enregistre nos faits et gestes. En résulte le film le plus ennuyant du monde, hyperréaliste et exhaustif, un film en temps réel habité que de figurants, le seul qui puisse satisfaire le Gros Brodeur. Un film multiplié par le nombre de caméras. Et c’est ce film que ces employés surveillent.

Quand je passe sous l’œil noir du Gros Brodeur, je lève parfois la tête et j’ai la vague envie de lui faire un doigt d’honneur. Mais j’ai une pensée pour le pauvre bougre dans son petit uniforme ridicule d’agent de sécurité qui, peut-être, me voit passer et je me retiens.