On pratique parfois à mon travail un drôle de jargon corporatif qui consiste à utiliser le participe présent comme adjectif ou substantif.
Exemples :
« C’est facilitant. »
« C’est pas aidant. »
« Un projet structurant. »
« Ce message vise principalement les accédants à la propriété. »
Autre forme de jargon corporatif, il est de bon ton au bureau d’utiliser des mots compliqués pour dire des choses simples. Ça fait cultivé.
Par exemple : ne pas dire oui, mais tout à fait. Dialogue hypothétique :
— Travailles-tu sur le projet X ?
— Tout à fait. C’est un projet structurant à valeur ajoutée.
Autre exemple : ne pas dire problème, mais problématique.
— Ce projet s’attaque à la problématique du segment des accédants à la propriété.
Un autre stratagème consiste à utiliser des mots anglais. Par exemple, utiliser le mot anglais issue (prononcer ichiou) pour problématique.
— J’ai fait la liste des ichioux [permettez-moi de mettre un x au pluriel, c’est encore plus drôle].— Bonne idée, ça permettra de cerner la problématique.
Autre exemple de mot inutilement compliqué pour dire une chose simple. Ne pas dire finir, mais finaliser.
— As-tu finalisé l’analyse de la problématique ?— Tout à fait.
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Chaque entreprise a sa culture et ses expressions consacrées. S’y développe un langage n’ayant parfois pas grand-chose avec le langage courant (ni même la langue française). Voici quelques exemples en usage à mon travail.
Attacher — Se coordonner, se concerter. Ex. : « On va attacher ça avec la Direction X. »
Donner un tour de roue — Faire avancer un dossier, analyser, travailler sur. Ex. : « As-tu eu le temps de donner un tour de roue sur le dossier Y ? »
Atelier — Réunion. Ex. : « On va faire un tour de roue en atelier. », « J’organise un atelier pour adresser la problématique. »